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Les vallées des Buëch

Les paysages des vallées des Buëch

Carte de situation

Carte des périmètres

La cluse de Serres, à droite le rocher d'Agnielle, à gauche la montagne d'Arambre

Le Petit Buëch et la ville de Veynes, en arrière plan les reliefs du Dévoluy

La vallée de Rosans et la montagne de Maraysse

La vallée du Buëch au pied de Saléon

*Source Insee

C'est dans ces terres que les Hautes-Alpes abandonnent leurs affinités avec la haute montagne, à l'image de ses rivières qui irriguent ces vallées. En effet, le Petit Buëch prend sa source à près de 2000 m d'altitude dans les contreforts du Pic de Bure tandis que le Grand Buëch prend naissance dans ceux des Aiguilles de Lus-la-Croix-Haute. Dans leurs parcours, ils laissent derrière eux ces terres de montagne.

Du Sud au Nord et d’Est en Ouest, ces vallées ne cessent de dévoiler une grande diversité de lieux et de milieux. Ainsi, entre Drôme, Isère et Haute Provence les paysages des Buëch dessinent des plaines et des vallées entrecoupées de reliefs fortement boisés, d’espaces agricoles généreux mais aussi de villes et de villages. Laragne-Montéglin, Serre et Veynes sont les trois principales villes de ce territoire, les deux premières situées en aval de la confluence des deux Buëch, la dernière étant riveraine du Petit Buëch.

Les vallées des Buëch seraient-elles ces vallées de transition entre Dauphiné et Provence, entre Alpes et Méditerranée ?
Pays des Hautes-Alpes, parfois éloigné des préoccupations économiques d'un département alpin, il est en effet plus proche de la Provence par ses caractères physiques, météorologiques et humains. La vallée du Buëch est en recherche d’une identité qui unirait tous les « petits » pays qui la composent, tels que l’Orpierrois, le Veynois, la Chauranne, etc.
Terre d’atouts, le Buëch a su développer un tourisme singulier avec l’escalade, le vol libre, le VTT et des hébergements de qualité, sans parvenir cependant à asseoir une image commerciale suffisamment attractive.

La naissance du Parc Natu­rel Régional des Baronnies offre peut-être à cette UP la possibilité de se reconnaître dans un label qui valorise à la fois la géographie et l’histoire de ces vallées.

Cette unité de paysage est un territoire de rencontres et de contrastes.

Entités administratives

Cantons : Serres, Laragne-Montéglin, Veynes, Gap-4.

Communauté de communes : Intercommunale des Baronnies, Serrois, Laragnais, Haut-Buëch, Canton de Ribiers-Val de Méouge, Vallée de l’Oule, Buech-Dévoluy, Agglomération du Gapençais.

Communes :
En entier : Laragne-Montéglin 3756 hab., Veynes 3186 hab., La Roche-des-Arnauds 1398 hab., Serres 1283 hab., Aspres-sur-Buëch 819 hab., Ribiers 794 hab., Montmaur 519 hab., Rosans 519 hab., Lazer 329 hab., Orpierre 328 hab., Aspremont 320 hab., La Faurie 316 hab., Châteauneuf-de-Chabre 315 hab., Trescléoux 311 hab., Lagrand 268 hab., Savournon 241 hab., Eyguians 232 hab., Barret-sur-Méouge 227 hab., La Bâtie-Montsaléon 210 hab., L'Épine 182 hab., Antonaves 179 hab., La Beaume 164 hab., Saint-Pierre-d'Argençon 158 hab., Chabestan 153 hab., Le Bersac 152 hab., Éourres 151 hab., Saint-André-de-Rosans 146 hab., Furmeyer 142 hab, Bruis 77 hab., Chanousse 61 hab., Chateauneuf d’Oze 25 hab., La Haute Beaume 10 hab., Mereuil 90 hab., Etoile Saint-Cyrice 36 hab., Montbrand 67 hab., Montclus 59 hab., Montjay 107 hab., Montmorin 97 hab., Moydans 62 hab., Oze 103 hab., Saint-Auban-d’Oze 74 hab, Rabou 82 hab., Ribeyret 106 hab., Nossage et Benevent 11hab., Saint-Pierre-Avez 33 hab., Le Saix 104 hab., Saleon 97 hab, Salerans 101 hab., Saint-Colombe 62 hab., Saint-Genis 49 hab., Sigottier 88 hab, Saint-Julien-en-Beauchêne 128 hab., Sainte-Marie 42 hab., Sorbiers 45 hab.

En partie : Manteyer 421 hab., Dévoluy 1046 hab., Gap (Chaudun, pointe NO non habitée)

 

Mesures règlementaires

Parcs nationaux : aucun

Parcs régionaux : Parcs naturel régional des Baronnies

NATURA 2000 DOCOB : aucun

NATURA 2000 ZICO : PAC20 Marais de Manteyer / PAC22 Bois du chapitre

NATURA 2000 ZPS : FR93312020 Marais de Manteyer / FR9312004 Bois du Chapitre

NATURA 2000 ZSC : FR9301511 Dévoluy, FR9301519 Le Buëch, FR9301514 Céüse- Montagne d’Aujour – Pic de Crigne – Montagne de Saint-Genis, FR9301518 Gorges de la Méouge

PPR : avalanches, blocs, glissements, inondations, ravinement, torrentiel.

PLU : tous sauf Rabou, Dévoluy (partie sud incluse dans l’UP), Montbrand, La Haute-Beaume, Furmeyer, Châteauneuf d’Oze, Saint-Auban d’Oze, Le Saix, La Bâtie-Montsaleon, Sigottier, La Piarre, Montclus, Montrond, Méreuil, Chanousse, Montjay, Sorbiers, Saint-André de Rosans, Moydans, Ribeyret, MontMorin, Bruis, Sainte-Marie, Etoile Saint-Cyrice, Sainte-Colombe, Nossage-et-Bénévent, Saléon.

Sites classées : 93C05021 Abords du col de Cabre, 93C05009 Bloc erratique de la Condamine

Sites inscrits : 93I00005 Château, vieux village et abords de Mison. Abords du Col de Cabre

Ce qui fait paysage

  • Le socle support
  • L'eau
  • La végétation
  • HABITER / Urbanité
  • HABITER / Formes urbaines
  • HABITER / Caractères architecturaux
  • SE DEPLACER
  • EXPLOITER / Agriculture
  • EXPLOITER / Tourisme
  • EXPLOITER / Industrie
  • ADMINISTRER
  • Le Buëch montagnard
  • Le Buëch des collines
  • Le seuil paysager de Serres
  • Les hautes vallées

Les mutations des paysages

  • Analyse Diachronique 1999 - 2014

    Les vallées des Buëch en 1999

    Les vallées des Buëch en 2014

  • Photos constats / 1999 - 2014

    - La vallée du Buëch depuis Saléon 1999 / 2014 -

    - Lagrand 1999 / 2014 -

    - Serres 1999 / 2014 -

    - Espinasses 1999 / 2014 -

  • Les facteurs d'évolution des paysages

    Dynamiques démographiques

    L’Unité de Paysage a connu une reprise de sa crois­sance démographique dans les années 90 après un fort exode rural amorcé au XIXème siècle. Cette aug­mentation de population, sur un territoire étendu et comportant des disparités démographiques, ne s’est pas exercée en faveur de petites communes telles Eyguians, Bruis, Furmeyer, Ribeyret qui ont continué à perdre leurs habitants.

    L’évolution du parc de logements a suivi la courbe de la reprise démographique : augmentation de la part des résidences principales, largement supérieure à la moyenne départementale (65% contre 49% en 2011) avec une reconquête du parc de résidences secon­daires en baisse. L’augmentation régulière de la part de logements vacants laisse à penser à une déprise de l’habitat ancien. La structuration du parc indique une dynamique du logement plutôt orientée vers la construction neuve et récente en relation avec une offre d’emploi et une activité économique présente tout au long de l’année grâce aux pôles urbains de La­ragne.

    Dynamiques économiques

    Agro-pastoralisme

    Si l’agriculture de plaine principalement tournée vers l’arboriculture, pomme et poire, reste forte et dyna­mique, le nombre d’exploitations est cependant à la baisse (-40% entre 1988 et 2010). Les terres agricoles les moins rentables sont abandonnées à l’inverse des plaines alluviales sur lesquelles s’exerce la pression foncière. Les terres agricoles à l’abandon sont sujettes à une reconquête naturelle par la forêt ou par des re­forestations menées par l’ONF en réponse aux pro­blèmes. Le pastoralisme a fortement diminué, les parcours et alpages s’enrésinent et la problématique du loup accentue cette déprise pastorale. Cependant, des élevages caprins laitiers, et caprins poil et/ou laine se développent, même si la question de la reprise d’exploitation demeure cruciale.

    Industrie / Artisanat / Commerces

    La croissance démographique entraîne le développe­ment des zones d’activités en plaine aux dépends des terres agricoles, le plus souvent le long des voies de communication. Il en est ainsi de la zone d’activités du Planet à Ribiers située dans l’aire économique de la ville de Sisteron.

    Services / Loisirs / Tourisme

    L’Unité paysagère bénéficie de caractéristiques favo­rables au développement des loisirs et du tourisme de pleine nature. Son offre de sites naturels exceptionnels associée à une bonne accessibilité attire, plus particu­lièrement en période de mi-saison et en période estivale, de nombreux touristes : sites d’escalades, gorges de la Méouge, aérodromes, campings, bases de loisirs, sentier de randonnées et de VTT, spéléologie... Il est important de noter que beaucoup de professionnels de la montagne se rendent au printemps sur les falaises du Buëch pour anticiper leur saison.

    Dynamiques des milieux naturels

    Une grande partie des versants du territoire est concernée par les risques de glissements de terrain et ravinements auxquels s'ajoute le risque torrentiel ; risques plus marqués sur la montagne de l'Oule.

    Le risque d'inondation pour les Buëch est prégnant.

    C'est donc une unité de paysage sensible aux remanie­ments naturels de ses paysages, ce qui correspond à sa structure géologique composée surtout de marnes, roches tendres sensibles à l'érosion. Cependant, la canalisation du Buëch, les barrages et autres aménagements ont fortement diminué les risques.

    Une urbanisation qui s'étale en périphérie

    Silo à Laragne-Montéglin

    Dynamiques d'aménagement

    Accessibilité

    L’Unité Paysagère bénéficie d’une dynamique liée à son réseau de voiries et à son accessibilité depuis la vallée de la Durance et l’autoroute A51. Elle profite également d’une desserte ferroviaire des villes de la vallée : Laragne, Serres, Veynes et Aspres-sur- Buëch. Les principales questions pour le Buëch demeurent les suivantes : comment capter les populations de passage pour favoriser le tourisme local ? Le Buëch n’est-il pas un seul couloir de circulation ?

    Intensité urbaine

    Elle s’exerce principalement dans les villes et vil­lages de fond de vallée comme Laragne, Serres, La Bâtie-Montsaléon, Veynes, La Roche des Ar­nauds, au détriment des petites communes isolées du Beauchêne ou des Baronnies. La croissance démo­graphique couplée à une demande de services tou­jours accrue génère un étalement de l’urbanisation avec ses lotissements, ses bases de loisirs et ses activités d’hébergement associées aux dépends des terres fertiles de plaine et de fonds de vallée. Les ha­meaux isolés comme ceux du Beauchâne connaissent un phénomène de désertification et de déprise des terres agricoles des versants en faveur de la forêt. En revanche, la Vallée de l’Oule développe ses réseaux pour tenter de capter une population touristique ou présentielle susceptible d’engager leurs activités économiques sur place.

  • Les transformations des paysages / Tendances évolutives

    Ici, comme sur beaucoup de terroirs haut-alpins, c'est encore le recul de l'agriculture qui marque la transformation des pay­sages, bien qu'il soit, sur les territoires des Buëch, moins affirmé qu'ailleurs. En effet, c'est encore la trame agricole qui organise les paysages. Quand elles sont abandonnées, les cultures cèdent leur place à la forêt, renforçant encore le caractère « vert », voire fermé, de ces vallées.

    La trame agricole donne encore à lire les subtilités du socle support entre pentes et replats, entre marnes stériles et alluvions fertiles. Les grandes parcelles des plaines reçoivent les vergers et les cultures céréalières (maïs, tournesol et blé) qui nécessi­tent de larges surfaces planes quand sur les hauts subsistent une agriculture de montagne se contentant d'un petit parcellaire contraint par le relief.

    Mais il est vrai que le processus d'enforestation existe bel et bien ; les ripisylves s'épaississent par un remaniement moindre des espaces de rivière grâce, ou à cause, des ouvrages de régulation des crues. Les Buëch et leurs affluents affirment encore plus leur statut de vallées vertes et mettent à disposition leurs espaces de na­ture pour un tourisme séduit par l'authenticité de leurs sites. Ici pas de grande infrastructure touristique ; quelques plans d'eau aménagés et surtout des chemins de randonnée à pratiquer à cheval, à pied ou à vélo, des sites d'escalade renommés ou des aires d'envol. En tout cas rien qui nécessite des aménagements qui impactent le paysage. Cependant le développement des nouveaux hébergements même légers (chalets ou mobil-homes) doit faire l'objet de vigilance car ils marquent un paysage.

    Les vallées des Buëch sont attractives par leur accessibilité facile, un climat clément et un relief plus hospitalier. Si le phéno­mène d'étalement urbain n'est pas encore évident, surgit ça et là un habitat individuel sous forme de lotissement ou simple­ment groupé de 4 ou 5 unités, parfois au milieu de terres agricoles. Le tissu urbain des périphéries se relâche, plus particulière­ment à Laragne-Montéglin principal pôle urbain de l'Unité de Paysage. Les activités, les commerces et l'habitat s'entremêlent faisant perdre la lisibilité de la trame urbaine.

    Autre phénomène qui peut, à terme modifier les paysages, par les nouveaux aménagements qui peuvent être envisagés : l'augmentation du trafic automobile sur la RD 1075 en période de vacances que ce soit l'hiver pour rejoindre les stations du Dévoluy ou l'été. En effet, cet axe est très emprunté, entre autres par les rhodaniens, qui évitent ainsi l'autoroute A7. C'est un flux quasi continu de voitures qui traverse les communes, générant des conflits d'usage.

  • Les enjeux paysagers

    Le Buëch alpin

    Vaste espace de nature, il est le support de nombreuses activités "vertes", qui profitent encore de la proximité de la montagne. C'est aussi par cette vallée du Grand Buëch que la ville de Grenoble est de nouveau accessible et au-delà, d'autres agglomérations de la vallée du Rhône. Il suffit de voir le flux continu de voitures du­rant les périodes de vacances pour comprendre l'importance de cet axe et ce qu'il pourrait faire peser sur ces paysages contraints par une géomorphologie de vallée resserrée si des travaux d'amé­nagements seraient envisagés (élargissement de chaussée, ou­vrages de sécurité, aires de repos...), restreignant cet espace à sa fonction de passage et renforçant la désertification qui s'est engagée (maisons fermées et à vendre, abandon des terres cultivées).

    L'abandon progressif de son agriculture de montagne à la rentabi­lité fragile s'inscrit dans les paysages, au travers de la fermeture des milieux par recolonisation de la forêt des lieux de cultures et de pâtures. Ce processus est peut-être moins visible qu'ailleurs sur le département car il s'installe dans une vallée déjà dominée par de larges espaces boisés ; lent il n'en est pas moins certain et sa conséquence est l'uniformisation des paysages par ce moutonne­ment vert des forêts.

    Le Buech des collines

    C'est le territoire du Petit Buech dont le fond de vallée occupé par des jardins vivriers et des petites parcelles agricoles subit une pression urbaine importante.

    Ce territoire profite de la proximité de Gap et l'augmentation des déplacements pendulaires témoigne du rôle désormais plus rési­dentiel qu'agricole de cette vallée.

    Ici encore, la géomorphologie a fortement contraint l'occupation du sol. La succession de crêtes et de vallons souvent inaccessibles, les terres noires stériles ont concentré la présence humaine sur les seules terres fertiles et planes ou faiblement pentues.

    Ce constat permet d'envisager que la pression subie se concen­trera sur des espaces bien localisés.

    Quelle sera alors la mutation de ces paysages ? De la déprise agricole résulte l'enfrichement des terres mais ici, l'agriculture cédera-t-elle sa place à une urbanisation filante ? De nouveaux noyaux urbains deviendraient autant de satellites de la ville centre, Gap, hésitant entre péri-urbanisation et paysages de loisirs. Ces acti­vités de loisirs se développent avec leur cortège d'équipements, de lieux d'hébergements temporaires ou non et d'infrastructures associées...

    Le seuil paysager de Serres

    La ville de Serres s'installe au creux d'un relief qui contraint fortement son possible développement. La pression ur­baine s'exerce alors sur les espaces agricoles en plaine, seuls lieux où le relief s'adoucit et s'aplanit. La trame agricole pourrait disparaître au profit d'une urbanisation filante si un potentiel économique en permet le développement, ce qui n’est pas d’actualité. La nécessité de maintenir l'attractivité de la ville passe par le développement d'offres de loisirs autour du plan d'eau de la Germanette. Il pourrait s’étoffer d’une offre en matière d'infrastructure, nécessaire à son déve­loppement : lieux d'hébergements, nouvelles infrastructures de loisirs...

     

    Les hautes vallées

    La mise en valeur des terres résulte directement du sol support, de son relief et de sa géologie. Chaque replat, chaque infléchissement de pente est exploité quand à côté les zones stériles des marnes, éboulis et ravines interdisent toute exploitation et occupation du sol.

    L'agriculture est encore à échelle locale, partagée entre une agriculture de montagne et une arboriculture. Et c'est pour ce statut de production locale qu'elle subit plus qu'ailleurs le processus de déprise ; peu productive et donc peu rentable, elle est abandonnée plus vite.

    C'est pourtant un voyage entre Alpes et Provence que ces vallées procurent. Du champ de lavande à la hêtraie, des gorges de la Méouge aux falaises d'Orpierre, du hameau comme simple lieu de villégiature aux villages de carac­tère, fort des histoires des hommes, ces terres longtemps oubliées sont aujourd'hui un territoire d'enjeux au travers notamment d'une reconnaissance "identitaire" avec le PNR des Baronnies.

    Vallées accessibles et traversées, elles restent malgré tout éloignées des grands axes mais pas suffisamment pour être désertées. Profitant de leur capital "nature", la mutation des espaces s'opère vers des lieux d'accueil et d'héber­gements pour satisfaire des activités de loisirs et un tourisme vert en expansion.

    Les pentes s'aménagent en campings avec chalets et/ou mobilhomes, sur d'anciens vergers ou cultures céréalières. Des aires d'accueil s'implantent pour les sports aériens ou terrestres (départs de randonnées, accès aux sites d'es­calade...).

    Ces vallées agricoles misent sur la qualité exceptionnelle de leurs paysages. Elles associent plusieurs pratiques agricoles : élevage et céréales - vergers et vignes - plantes à parfum et fourrages.

    Cette diversité pourrait alors disparaître, témoins de savoir-faire des hommes d'exploiter un socle support. Ce serait une banalisation des paysages riches de leurs couleurs, où chaque parcelle cultivée redessine le relief.

    Pour les sommets du Buëch, les formes de relief qui résultent du socle support ont des enjeux uniquement liés à la dynamique des milieux. Chutes de bloc, ravine­ments ou glissements de terrain sont ces mécanismes susceptibles de transformer ces paysages qu'aucune préconi­sation ne fera évoluer. Ces actions agiront sur une végétation spontanée qui sera ainsi renouvelée ou elle continuera de coloniser des espaces. La main de l'homme y reste étrangère.


    La plaine urbaine et arboricole

    C'est sans doute les territoires des vallées des Buëch qui concentrent les enjeux les plus complexes en matière de croisement des dynamiques urbaines et environne­mentales.

    La présence d'axes de desserte primaires, la proximité de Sisteron et la planéité des terres sont autant d'atouts pour un développement urbain et économique. Ces mêmes atouts font alors peser sur les paysages une pression à la hauteur de leur force. Ici, comme ailleurs, le processus de déprise agricole est engagé même si la valeur agronomique est encore affirmée. La pomme domine la production fruitière et le principe de la monoculture rend fragile cette agriculture dont les risques sont à la fois économiques, paysagers et environnementaux.

    • Économiques : quel devenir de ces vastes vergers en cas de changements de la PAC ou en cas de pathologies, ma­ladie ou ravageur, voire en cas de blocus économique (Russie en 2015) ?

    • Paysagers : par l'uniformisation des paysages et en cas de disparition des vergers, quels seraient les nouveaux pay­sages ?

    • Environnementaux : conséquences sur les espèces et les habitats par l'utilisation massive de produits phytosanitaires ?
    La mutation des sols est encore discrète mais les périphéries des villes comme Laragne-Montéglin, Eyguians ou Ribiers commencent à "hésiter" entre agriculture, habitat et activités dans un désordre de plus en plus évident. Il est vrai que ce constat est plus affirmé à Laragne-Montéglin.

    Ces extensions urbaines suivent souvent la logique de l'opportunisme foncier et c'est un tissu péri-urbain relâché qui s'étale d'abord le long des axes de transit pour s'épaissir au-delà des abords immédiats des voies.

    Ces communes sont traversées par la RD 1075 qui, même si elle a perdu son statut de route nationale, reste un axe très emprunté reliant Grenoble. Les communes sont, en période de vacances, traversées par un flot continu de voitures et poids lourds générant des conflits d'usage. Au-delà du danger et de l'inconfort, ce trafic coupe les espaces publics, coupant en deux une place dont le rôle de centralité urbaine est déplacé (Laragne-Montéglin, Eyguians).

  • Les préconisations paysagères

Projection prospective : Les paysages possibles

AVERTISSEMENT : Les scenarii présentés s'appuient sur des processus de mutation des paysages mis en évidence par une analyse objective des données disponibles. Ils ne constituent en aucun cas une évolution voulue ou souhaitée. Ils alertent d'une possible transformation si les décisions en termes d'aménagement du territoire n'affirment pas une vraie préoccupation de préservation des paysages. Ils incitent à une vigilance paysagère orientée vers la sauvegarde de la qualité des paysages, source de développement économique et social.

  • Si la tendance constatée se poursuit … les nouveaux paysages de la vallée

    L'analyse diachronique montre une tendance à un développement significatif de la forêt, processus concomi­tant à celui de la déprise agricole que la diminution de la SAU confirme par les chiffres.

    La diffusion des tâches urbaines s'opère à partir des pôles urbains existants de manière concentrique.

    Ce développement urbain se fait encore au détriment des espaces agricoles qui sont à proximité d’une trame urbaine déjà installée.

    Ces terres agricoles restent des opportunités foncières et financières pour les exploitants qui ne trouvent pas repreneur de leur exploitation.

    Les scenarii proposés illustrent un développement urbain non raisonné et les conséquences du recul de l'agri­culture.

    En 2014

     

  • Des vallées affluentes de plus en plus vertes

    L'intensité urbaine de la vallée du Buech, entre Serres et Sisteron, concentrerait les nouveaux secteurs de développement qu'ils soient urbains, économiques ou touristiques. Ce développement se ferait au détriment des vallées confluentes moins accessibles et dont l'agriculture est moins rentable que celle de la plaine.

    Peu à peu délaissées, l'urbanisation se déplacerait vers cette large plaine dans un processus de désertification de ces vallées connexes.

    Les parcelles agricoles abandonnées seraient peu à peu reconquises par la forêt, tapissant les reliefs d'un vert ou tout au mieux une gamme de verts.

    Quelle serait alors la valeur paysagère de ces vallées ?

    En 2014

     

    Certes le verdoiement peut avoir un aspect attrayant mais la banalité d'un paysage uniforme en ferait des lieux plus traversés que parcourus sous le prétexte d’une monotonie paysagère.

    Au-delà de ces considérations "esthétiques" et subjectives, c'est une question environnementale qui se pose.

    La mutation des milieux ouverts vers des espaces fermés modifie habitats et écosystèmes avec des impacts directs sur la biodiversité. En effet, les milieux ouverts ont une faune et une flore plus riche que ceux fermés des forêts. C'est une manière de confirmer le rôle majeur de l'agriculture dans la mise en valeur et l'entretien des paysages.

  • Vivre à la campagne et travailler en ville

    La vallée de Veynes bénéficie de la proximité du bassin d'emploi de Gap. Elle attire de nouveaux résidents (voir chiffres Insee) malgré une population certes vieillissante.

    L'attractivité de Gap fait peser une pression urbaine sur les espaces agricoles qui sont autant de ré­serves foncières possibles. Autour de Veynes, l'agriculture est plus vivrière, et donc moins rentable, que celle de la vaste plaine arboricole de Serres et de Laragne-Montéglin. Elle est ainsi beaucoup plus prédisposée à être délaissée.

    Le prix du foncier moins élevé qu'à Gap ou dans ses environs immédiats ajouté à la facilité d'accès laisse présager du devenir de ces terres agricoles en plaine.

    En 2014

     

    Les nouveaux secteurs d'habitations ne s'inscrivent pas dans la logique d'une ville qui privilégiera une certaine densité. Les nouveaux habitants aspirent à une maison individuelle entourée de son jardin. C'est pourquoi ces extensions urbaines prennent très souvent la forme de lotissement ou d'opération d'ensemble.

    Au-delà de l'aspect répétitif d'un modèle unique, encore trop souvent emprunté à un catalogue étran­ger à l'identité locale, c'est la problématique de l'étalement urbain qui se pose : consommation des sols agricoles, imperméabilisation des sols, augmentation des déplacements…

    Il est donc nécessaire de réfléchir aux formes urbaines et aux secteurs à ouvrir à l'urbanisation en termes de localisation, de superficie et de temporalité.

    Préserver ces espaces agricoles de proximité et organiser les nouveaux quartiers va au-delà de la simple nostalgie d'une campagne idyllique et idéalisée.